30 ans sur le fleuve

De Gouda à Dordrecht, Ruud et son inséparable 12 cordes folk m’accompagnent… Moutons, digues et Beatles au programme.
Ruud
guitaredoordrechtLes dépressions des deux dernières semaines sont enfin derrières nous et les ponts acceptent à nouveau de s’ouvrir… nous attendons la nuit que le pont ferroviaire de Gouda veuille bien nous laisser passer. Le lendemain, 20 miles aidés par un petit bout de génois, un dernier pont à passer et nous voilà au coeur de la vieille ville de Doordrecht. Demain 30 ans…

Lydie et Marc débarquent pour l’occasion.

nuit

 

Visite famille Dordrecht
Petite visite de famille pour mes 30 ans

Au menu de mes 30 ans : Champagne, Gouda aux truffes (une tuerie) avec moutarde aux figues et à l’aneth, une bonne dizaine de harengs frais en salade, et une boule au Cointreau en dessert. Ca console!

table

Maintenant que je me retrouve seul à bord, j’entre enfin dans une période de lenteur.

Préparer le bateau, appareiller, barrer, franchir les ponts, les écluses, s’amarrer : je me regarde vivre avec une pointe d’incrédulité. Je cherche ma place dans cette solitude nouvelle. Ainsi donc, cette énergie, quotidienne, déployée pendant plus d’une demi-année… pour se retrouver seul à la barre d’un petit bateau, le visage fouetté par un vent glacial, à commettre mes premières erreurs de navigation, à chercher désespérément à savoir d’où vient le vent, à m’essayer dans cette vie nouvelle. Une vie infiniment plus lente que la course qui l’a précédée. Partir le plus vite possible fut mon credo. Aujourd’hui, je contemple ce temps nouveau avec incrédulité. J’ai renoncé à tout programme et à tout projet. Mon horizon a enfin retrouvé une « taille » humaine, celle de la journée.

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Car le rythme des jours commence lentement à changer. De fait, je m’écroule avec la nuit et me réveille aux premières lueurs du jour. La liste des choses à faire sur le bateau s’allonge, et je la laisse sereinement grossir. Mon âme redécouvre (car il s’oublie vite) le chemin de l’errance, et l’existence de cette vie dans la vie, infiniment plus lente, et qui ne se laisse découvrir qu’aux promeneurs dont le vent fouette le visage de l’aube jusqu’à la nuit. Le cerveau se vide de mille choses insignifiantes pour se remplir de vent et de roulis, et parfois même de questions anciennes. Une errance, un désœuvrement au goût d’embruns, qui n’a après tout pas moins de sens qu’une course à l’argent ou au confort qui siérait si bien à mon nouveau statut de trentenaire. Parfois, le grésillement d’un SMS me rappelle à une autre réalité. Je déplie alors mon ordinateur portable et traduis avec plus de gratitude que d’habitude, un œil scrutant le ciel à travers les hublots.

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