Gascogne

Pour notre première traversée à bord de Pandorak, Björn débarque de Cologne pour nous prêter main forte.

Bjornpa
Une fenêtre météo se dessine pour le lendemain, il ne s’agit pas de la rater.

submarine
La base sous-marine de Brest, une des plus grandes de France

bièresAu prix de longues tractations avec les voleurs de l’exécrable port du Moulin Blanc, le bateau est remis à l’eau. Le temps de remonter les safrans, de faire les pleins d’eau et de fuel, de remplir chaque recoin du bateau de canettes de bière Lidl (présence allemande oblige) et nous débouquons la rade de Brest, cap au 210, 330 milles devant l’étrave, cap sur… l’Espagne.

Nous passons l’île de Sein.

Sein
apéroUne brise légère s’établit au nord-est, mer belle, un waypoint sur la Coruña, pilote auto enclenché… et le redoutable Gascogne s’ouvre par un apéro en bonne et due forme, faisant mentir le vieil adage breton « Celui qui voit Sein voit sa fin »…

 

3 heures du matin. La soudure du support du pilote auto casse net, suivi par une violente embardée, la bôme qui traverse le cockpit, GV à contre et le bateau qui empanne coup sur coup. Il faut barrer, ce qui s’avère ardu, au grand largue et par cette nuit sans lune.soudure

Quelques minutes plus tard, loi de Murphy oblige, le moteur s’arrête brusquement. Petit vent de panique à bord, je refuse cependant de dérouter Pandorak. 3 heures de travail acharné plus tard, tout rentre dans l’ordre, grâce à un outil providentiel, un Dremel acheté avant le départ et qui me permet de faire une entaille dans la tige de 3 mm d’inox, impossible à forer.

Une respiration sur tribord, un aileron qui émerge à 2 mètres du bordé et nous courons comme des gosses à l’étrave : dauphins !

dauphin
S’agit-il de la même famille ? Pendant 2 jours, cinq dauphins nous accompagnerons fidèlement, disparaissant puis reparaissant, de jour comme de nuit, pour de longues minutes de jeu à l’avant du bateau.

dauphins
Pando est tellement bas sur l’eau qu’il est presque possible de toucher leur aileron. D’un mouvement du tronc, leur corps bascule sur le côté, un œil curieux apparaît : ils nous regardent, semblent « répondre » à nos cris par des sauts. Rencontre magique, toujours.

oiseauLe deuxième jour, à 150 miles de toutes terres, autre rencontre : un oiseau minuscule atterrit sur le pont. Depuis combien de temps dure sa dérive sur l’océan ? Perdu, épuisé, il n’a plus peur des hommes et vient trouver refuge dans le carré. Son pépiement nous accompagne plusieurs heures. Impossible de le nourrir. Le lendemain, nous le retrouvons étendu mort sur une couchette, et jetons son corps frêle à la mer.

ciseaux-bjorn
Au matin du troisième jour, le vent est franchement sud-ouest, nous n’avançons qu’à 2,8 nœuds au moteur. Le baromètre qui commence à descendre nous convainc de modifier notre cap pour pouvoir rester sous voiles et atteindre plus rapidement la côte espagnole : cap sur la ria de Viveiros, à 30 miles à l’est de la Corogne. 

corogneTerre en vue… à un demi-mile de la côte, un violent parfum nous fouette les narines : après le désert olfactif de la mer, nous retrouvons l’humus, la forêt… les yeux fermés, on se croirait dans les Alpes !

Notre premier aperçu de la Galice est loin de la Costa : une côte peu bétonnée, des falaises de montagnes moyennes, couvertes de sapins.

banc
Nous fêtons notre arrivée par un jacuzzi à la piscine municipale, où nous nous dérouillons avec bonheur.

torre de herculeLe lendemain, nous mettons le cap sur la Coruña, que nous atteignons la nuit, guidés par la lumière du plus ancien phare en activité au monde, la Torre de Hercules, dont la construction remonte aux Romains. Selon la légende, Hercule aurait enterré sa tête dans les fondations du phare et installé un miroir au sommet de la tour, qui réfléchissait les flammes d’un foyer afin de guider les marins la nuit.

Longtemps ce phare incarna l’espoir d’une vie meilleure pour les milliers d’immigrants à destination de l’Amérique latine, loin de la misère de la Galice.

La descente vers le Portugal peut commencer.

rosedesvents

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